Mardi 30 septembre 2014
CHATEAU de L'EGLANTINE - MUSEE de la TOILE de JOUY
Les textes sont de Madame Dany AUBRY
Du fait de l'interdiction de l'usage du flash nous n'avons conservé que quelques photos d'intérieur.
Le site officiel du musée est trsè complet et propose de nombreuses photos et reportages. Nous vous en conseillons vivement la visite en cliquant sur le lien ci-dessous.
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Nous sommes peu nombreux pour cette première sortie de la nouvelle année des Amis Du Musée. Les absents ont tort : Il fait un temps splendide ! Arrivés un peu trop tôt pour la visite, nous en profitons pour faire une agréable promenade au bord de la Bièvre qui coule en contrebas de la jolie petite de ville de Jouy en Josas.
Victor Hugo l’avait choisie pour cadre d’un séjour qu’il y fit avec Juliette Drouet en 1835. Mais l’objet de notre visite, c’est le château de l’Eglantine, consacré à l’histoire de la Toile de Jouy.
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Il est précédé d’un agréable jardin dont les plates-bandes de fleurs et de plantes sont déposées comme dans un jardin médiéval en longues bandes colorées. Les salons de cette charmante gentilhommière ont été récemment restaurés.
Tableaux, gravures, maquettes évoquent l’histoire passionnante d’un tissu dont les motifs enchantent encore. Ces toiles de coton imprimé existaient déjà au Ve av. JC en Inde d’où leur nom d’« indiennes ». Elles voyageaient sur la « Route de la Soie» jusqu’en Europe. Après la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama par le cap de Bonne-Espérance, en 1497, les portugais d’abord en firent le commerce avec celui des épices. Hollandais et français leur emboîtèrent le pas.
Colbert fonde en 1664 la Compagnie des Iles Orientales. On fait des essais d’impression sur toile blanche. Sous la pression des tisserands, Louis XIV en 1686 interdit l’importation et l’impression des toiles indiennes. C’est Louis XV qui en 1759 lèvera l’interdiction, permettant ainsi l’installation de petites manufactures. Le contrôleur des finances de Tavannes finance une des ces manufactures. Il fait appel à Philippe OBERKAMPF. Ce jeune homme de 20 ans est né à Wiesenbach en Bavière. Il a été graveur à Mulhouse. Très vite, c’est un succès. Dès 1760, il quitte Paris pour Jouy : Il remonte la Bièvre qui lui offre une eau de qualité et il y trouve des prés pour le blanchiment de ses toiles. De plus, Jouy n’est pas loin de Versailles et d’une clientèle de choix. Il loue une maison près du Pont de Pierre. Il commence à travailler avec son frère et un ouvrier. Rapidement, il peut acheter des terrains. Le domaine s’étendra bientôt sur 14 hectares. Il y construit : dès 1790 un grand bâtiment de 110 m de long abrite au Rez de chaussée l’atelier d’impression, au 1er étage la gravure, au second les toiles, dans les combles le séchage. En 1792 c’et un nouveau bâtiment pour la teinture. Le cours de la Bièvre est détourné pour le lavage. En 1761, 3000 pièces sortaient des ateliers ; en 1801 ce sera 85.350 pièces ! Et presque 1300 ouvriers.
En 1789 Christophe Philipe est le seul propriétaire, il achète une autre manufacture à Corbeil. A l’affût des progrès scientifiques et technologiques, il sait aussi organiser son travail : tout se passe dans un même lieu clos et lui-même habite là. C’est une organisation pyramidale où chacun a sa chance de monter. Les journées sont de 12 h en été et 8h en hiver, 1h de moins le samedi et le dimanche est chômé. Les ouvriers sont bien payés. L’apogée de la manufacture se situe vers 1804-1805. Mais des difficultés surgissent : le blocus continental instauré par Napoléon nuit au commerce. Christophe Philippe meurt en 1815. Son fils Emile lui succède. Mais la concurrence se fait plus âpre. La qualité est moins bonne. En 1821, Emile s’associe à un M. Barbet, de la région de Rouen (qui se fait appeler Barbet de Jouy). 1822 : Emile vend tout le domaine mais, en 1843, c’est la faillite.
Tout est vendu. Il ne reste plus rien des bâtiments, qu’une maison devenue la Mairie de Jouy et la maison du Pont de Pierre où est actuellement installé le Conservatoire de Musique. Aujourd’hui, les toiles de Jouy sont toujours imprimées en France, du moins celles de grande qualité.
Ces explications devant une maquette terminées, nous poursuivons la visite par le salon évoquant celui d’Oberkampf. Cet homme, arrivé en France à 19ans, a connu une réussite incroyable. Travailleur, il a su s’entourer et s’adapter aux situations. A la Révolution, il donne 1/3 de sa production, évitant ainsi le sort fatal de la Manufacture Révillon (les papiers peints).
Pendant l’Empire, Napoléon lui rend visite 3 fois et Joséphine est une cliente assidue. Il suit les évolutions techniques des chimistes de d’Ecole d’Arcueil, notamment Claude Berthollet et sa « liqueur à blanchir » (notre eau de Javel).
En 1794 il installe la 1ère blanchisserie à Jouy.
Dans le salon, 2 beaux portraits signés Gérard le représentent, ainsi que sa femme. Il fit 2 mariages : Avec Marie-Louise Péquinot dont il a4 enfants. Une seule fille survit. Puis avec Anne-Elisabeth Manion. 4 enfants dont 1 fils et 2 filles survivent. Elles épousent des membres de la famille Mallet, des banquiers protestants.
Dans les salles suivantes, des explications des techniques d’impression. Le coton indien arrivait tissé mais devait subir une série de traitements avant d’être prêt pour l’impression (trempage, grillage, blanchissement, engallage, calendrage).Les dessins étaient exécutés sur papier (par Oberkampf lui-même et ses 3 dessinateurs) puis gravés en relief sur des planches de bois, couleur par couleur. A l’aide d’un mordant, on appliquait la couleur sur la toile, on blanchissait et la couleur ne restait qu’à l’endroit où était le mordant. Pour les toiles polychromes, Il fallait répéter l’opération pour chaque couleur. Des « pinceauteuses » appliquaient les détails à la main. Puis on amidonnait.
En 1770, la planche de cuivre venue d’Angleterre va permettre d’obtenir en un seul passage des camaïeux monochromes. Sur les planches, nous observons, sur le côté, des picots : ils permettaient d’aligner les dessins sur les pièces de tissu.
La visite continue à l’étage où nous trouvons de splendides toiles de différentes époques : les rideaux de Mme Mallet, fille d’Oberkampf. Les couleurs en sont aussi fraîches qu’au premier jour ! 1774 !
Des chinoiseries monochromes, à la mode en 1760, d’autres polychromes, des saynètes illustrant un thème. Vers1780, c’est le retour à la nature avec des scènes campagnardes. Le liseré des pièces datant d’avant 1789 porte la mention « manufacture royale » et la fleur de Lys avec la précision « bon teint ». Cette inscription « chef de pièce » est un label de garantie. On retrouve le « ballon » que l’ingénieur Charles fit voler en 1783, les imprimés fleuris qui connurent un grand succès en Provence, les thèmes antiques prisés à l’Empire, les motifs « cachemire » (des cornes d’abondance), les Indiens.
Il y eu d’autres manufactures : à Rouen, Nantes, Bordeaux, Angers, Lyon, Mulhouse, où arrivaient les matières premières.
Mention spéciale pour les « mouchoirs de cou » (foulard est un mot provençal) qui faisaient partie du paquetage militaire. Certains étaient un résumé des obligations militaires qu’on emmenait avec soi. L’imprimé était indélébile. On pense qu’on a pu utiliser ce procédé pour graver les codes du débarquement sur étoffe pour les parachutistes. Les canadiens utilisaient de la soie.
Dans une vitrine, quelques exemples de vêtements de Haute Courure, dont une somptueuse robe de mariée et une vaporeuse ombrelle.
La salle des expositions temporaires propose « AVATARS » qui nous montre les réinterprétations modernes des motifs anciens.
Nous terminons l’après-midi à la boutique …. Qui propose de très jolis cadeaux.
Puis un ballade dans le parc qui s’étend au- dessus du Château.