Les collections

La Commission décide alors d'en faire un musée à la fois historique, artistique et scientifique ; « au point de vue artistique, recueillir des objets d'art provenant d'artistes célèbres ; au point de vue historique, recueillir les œuvres des artistes du département, créer une galerie de portraits des grands hommes nés dans le département, faire reproduire par la peinture les principaux faits historiques du département, créer un cabinet de médailles ; au point de vue scientifique, collectionner les dépouilles d'animaux, d'oiseaux ou d'insectes et réunir instruments agricoles inventés dans le département » .

 

Les bases de la collection adoptées, chaque amateur offre une pièce de sa collection au musée, reflétant les goûts des particuliers de l'époque ; ainsi pour l'Actéon de Delacroix donné par le duc Horace de Choiseul en 1864, le Neptune de Barthélemy Prieur, prestigieuse sculpture en bronze du XVIe siècle, donnée par Cottin en 1861. S'ajoutent les traditionnels dépôts de l'Etat comme l'Arioste de Jean-Baptiste Mauzaisse en 1872 ou l'Atalante de Pascal-Adolphe-Jean Dagnan-Bouveret en 1875 ainsi que des oeuvres peintes par des artistes s'inspirant de paysages de la région, Eugène-Antoine Lavieille (1820-1889), Gaston Lafenestre (1841-1877) et Eugène-Jules Delahogue (1867-1934).

La question du conservateur

La gestion de l'établissement étant confiée à la Commission , il semble que le conservateur soit désigné parmi ses membres, du moins jusqu'au 1882 ; puis par arrêté municipal. Ainsi, le peintre François-Julien Decourbe (1810-1889) devient le premier conservateur de l'établissement. Toutefois, E. Courtois conserve le titre de directeur du musée. En 1882, Jean-Baptiste Théophile Lhuillier, (1833-1904) devient le premier conservateur nommé par arrêté municipal .

Le rapport, rédigé le 25 octobre 1907 par Henry Lapauze, conservateur du Palais des beaux-arts de la ville de Paris, pour la Commission des Musées de Province, décrit le musée de l'époque. Deux conservateurs sont alors en poste : Emile-Alphonse Rayon et Ange-Albert Leclerc. Ancien professeur d'anglais au collège Jacques Amyot de Melun, Emile-Alphonse Rayon occupe depuis 1904 la double fonction de bibliothécaire et de conservateur du musée.

Le musée en 1904

Le musée changea peu d'aspect jusqu'en 1904, ainsi que le rapporte E. Rayon, lors de sa prise de fonction , « les collections occupent une partie des locaux de l'hôtel de ville construit en 1848. changements survenus. Aucun de 1887 à 1897. La sculpture du rez-de-chaussée était mise en vrac. Le musée ne comprenait que trois salles, dont la plus grande, la salle des Fêtes était occupée par une estrade et il y avait une fois ou deux par an des fêtes du soir : bals, dîners. Changements depuis 1902, un peu d'ordre dans la sculpture, suppression de l'estrade de la grande salle. Changements en 1903, création de la première salle Cassagne, changements en 1904, aménagement de la deuxième salle Cassagne ou salle des aquarelles, deux nouvelles salles sont créées ». La donation des œuvres et de la collection du peintre Armand Cassagne entraîne la ville à aménager de nouvelles salles et à remanier la présentation des collections antérieures. Les collections artistiques sont séparées des collections historiques et scientifiques. Les aquarelles, les peintures à l'huile et les gravures sont présentées dans des salles distinctes. Le musée prend désormais l'appellation de « musée Cassagne ». Un catalogue est alors édité avec le concours du journal La République. Cependant cette dénomination reste éphémère.
Deux autres grandes collections intègrent l'établissement. Amateur d'œuvres d'art, Louis-François Binoux lègue en 1903 à la ville de Melun une part importante de sa collection. Entrent ainsi au musée des bronzes, des faïences et plus particulièrement des meubles de grands ébénistes parisiens du XVIIIe siècle : Vassou, Fléchy, Reizell et Jacob-Desmalter. La veuve de François-Julien Decourbe offre en 1904 à la municipalité plusieurs centaines de dessins réalisés par son époux. ; images de la ville au XIXe siècle alors que subsistaient encore les ruines du château royal et que les quais n'étaient pas encore aménagés.
De 1920 à 1966, le musée semble bien être resté en sommeil. Peu de document permet de porter un regard sur son activité. Toutefois, les archives du musée conservent du courier relatant quelques épisodes particulièrement marquants. Ainsi E. Rayon fait procéder à la mise en sécurité des œuvres en 1939, qui réintégreront très rapidement leur lieu d'origine. : « j'ai l'honneur de rendre compte de la visite faite au château de Bréau [...] le concierge a affirmé que les tableaux du musée de Melun et autres pièces étaient au complet et en bon état [...] il serait urgent de faire réintégrer ceux-ci à l'Hôtel de Ville[...] et de se faire délivrer une autorisation par la Kommandantur... ».

Le musée transféré

Après l'achat par la ville de Melun de l'ancien hôtel de la Vicomté , bibliothèque et musée sont transférés en 1966. On édifie alors une aile neuve pour la bibliothèque, le musée occupant la partie ancienne.
En 1968, les collections de faïences de Rubelles de Louis-Henri et Rose-Marie Beausse sont légués au musée de Melun. Le mari avait patiemment rassemblé plus de deux cents pièces dont certaines de qualité exceptionnelle. Il cherchait à recueillir les pièces les plus anciennes de la fabrication, les plus diverses aussi.

Depuis, plusieurs dons et achats ont contribué à l'enrichissement notable des collections historiques : Groupement de Recherche Archéologique de Melun - GRAM , achats et restaurations de plusieurs vues de Melun montrant l'évolution de la ville, acquisition en vente publique des deux natures mortes du peintre flamand Jacob van Hulsdonck , sans oublier les dons de l'Association des Amis du musée participant de leur côté à l'enrichissement des collections artistiques et d'arts décoratifs.

 

Dominique Ghesquière
Conservateur du musée de Melun